Lord Mountbatten s’en amusait : « Je vote travailliste mais mon valet de chambre vote conservateur. » Derrière la boutade, se cache une vérité de fond : le vote reste une affaire de sentiment. De fait, qui étudie le programme des candidats qui se présentent à une élection ? Qui possède les connaissances nécessaires, en sciences politiques, en droit ou en économie, pour choisir en connaissance de cause ? Peu d’entre nous. Pourquoi en va-t-il ainsi ? Parce que nous ne votons pas en fonction de ce que nous pensons : nous votons en fonction de ce que nous ressentons.
Le recrutement procède à l’identique : recruter est – et reste – un acte sentimental. Nombreux sont les recruteurs qui connaissent leurs propres biais, les chausse-trappes dans lesquels ils ont l’habitude de tomber, la manière (aussi) de les éviter : par exemple, en procédant à un assessment-center, qui va aligner les compétences souhaitées sur des comportements observables et observés. Mais ils n’en ont cure. Ils préfèrent recruter en fonction de ce qu’ils ressentent – et donc de leurs sentiments.
Est-ce par mimétisme ? Toujours est-il que les sentiments guident aussi les candidat(e)s. Etre recruté est – et reste – un acte sentimental. Un recruteur est toujours surpris de rencontrer des candidats qui ont peu ou mal préparé leur entretien, qui s’engagent chez un employeur parce qu’ils « le sentent » ou parce qu’ils ont eu « un bon feeling avec l’équipe »… Blaise Pascal, qui est mort il y a près de 400 ans, nous avait pourtant prévenus : « Rien n’est plus important que le choix d’un métier mais souvent le hasard en dispose. »
Lutter contre l’émotion – et le hasard – n’est pas toujours recommandé. Ajouter la raison à l’émotion – ou au hasard – est en revanche toujours recommandable. Foi d’haxio !