Dans un coaching, l’espace (physique, symbolique, mémoriel) est un outil qui peut donner au coach un levier puissant pour accompagner son client vers un changement désiré. Tout coach a expérimenté l’importance de la distance qu’il met entre lui et son client (proxémie), aussi bien que celle des caractéristiques de l’environnement immédiat (la taille de la pièce, le mobilier et les objets, la lumière, les sons…) – qui interfèrent inévitablement avec le processus de la séance. Ces aspects doivent être, autant que possible, déterminés avec soin : il n’existe pas d’espace neutre.
Le confinement a conduit coachs et clients à utiliser de manière systématique (beaucoup d’entre nous les utilisaient déjà avant) des applications comme Teams ou Zoom, qui imposent un cadre accepté par le coach et son client (l’écran et l’immobilité), mais qui peuvent être vécues comme une contrainte ou un pis-aller. Lors du premier confinement, c’est ce que j’ai d’abord ressenti, notamment lors d’un accompagnement qui a débuté dans ce contexte inédit, après une première séance dans l’entreprise de mon client.
J’ai souvent constaté lors d’une séance de coaching que le mouvement induit pour le client une expérience nouvelle, un point de vue différent sur sa demande initiale. C’est comme si le déplacement physique dans l’espace provoquait un changement de perception du sujet. Comme l’écrit Frédéric Gros, (La Marche, une philosophie) « la marche fait coïncider l’âme, le corps et le monde ».
De mon point de vue, la marche dans le coaching permet, par le mouvement physique, la contemplation du paysage traversé, l’utilisation d’éléments de l’environnement (comme les arbres, la route, les perspectives…). Cela permet d’explorer plus profondément que dans une position statique, ce que Gaston Bachelard (Poétique de l’espace) nomme « l’immensité intime ».
Bien sûr, dans (et malgré) le cadre de l’écran, coach et coaché continuent de cheminer ensemble. Le coach explore les mots, les gestes, les émotions de son client. Il écoute, laisse s’épanouir les silences, questionne. Une simple métaphore peut transporter le client dans une nouvelle perspective qui est, de fait, un voyage immobile, assis sur une chaise et devant un écran.
C’est sans doute parce que j’ai toujours cherché à utiliser l’espace, le mouvement, les cartes, au service de mes clients, que le coaching à distance m’a amené à explorer des chemins de traverse pour « libérer » l’espace du coaching en ligne en « augmentant » cette expérience, avec les 8 personnes que j’accompagne aujourd’hui.
Cela m’a conduit, par exemple à laisser l’ordinateur pour basculer sur le smartphone (qui permet une mobilité réelle dans deux espaces distincts), à « densifier » les inter-sessions en partageant le cahier de coaching en ligne, ou encore à utiliser la fonction « partage de contenus » pour travailler avec mes clients à l’aide d’outils comme le Triangle de Karpman ou le Camp de base de François Balta. J’ai aussi utilisé les Niveaux logiques de Robert Dilts via le smartphone pour « monter et descendre » avec mon client cette échelle, matérialisée chez lui par des slides imprimés. Rien d’innovant, juste de l’adaptation.
Cet article n’a d’autre but que de partager mes propres apprentissages, d’échanger sur les expériences vécues à distance par les coachs ou leurs clients, et d’enrichir ainsi nos propres séances d’intervision entre coachs haxio. Et vous ? Comment mettez-vous à profit le coaching à distance ? N’hésitez pas à me contacter pour que nous échangions ensemble sur ce sujet : maxim.peter@haxio.fr Merci d’avance !
maxim peter, directeur executif et coach certifié chez haxio