La confiance est la grande affaire du capitalisme. C’est quelque chose que Marx a loupé. « Il n’y avait pas que le capital et le travail Karl ! » Que feraient les consommateurs s’ils n’avaient pas confiance dans les produits qu’ils achètent ? Que feraient les entrepreneurs et les banquiers s’ils n’avaient pas confiance dans l’avenir ? dans leurs équipes, leurs produits, leurs partenaires ? La réponse est rien.

La confiance est la grande affaire de la politique. A la question « D’une manière générale, diriez-vous que l’on peut faire confiance à la plupart des gens ou que l’on n’est jamais assez prudent lorsqu’on a affaire aux autres ? », en miroirs parfaitement inversés, les électeurs d’Emmanuel Macron font massivement… confiance et ceux de Marine le Pen massivement pas. Dans « La société de défiance », Yann Algan et Pierre Cahuc analysent les raisons pour lesquelles les Français figurent parmi les recordmen mondiaux de la défiance mutuelle et de l’incivisme. A leurs yeux, cette défiance trouve son origine dans le mariage du corporatisme et de l’étatisme dont ont accouché, à la Libération, le modèle social français et, aujourd’hui, un immense sentiment d’injustice. 37 professions réglementées, 42 régimes de retraites, plus de 500 systèmes d’assurance maladie et près de 500 niches fiscales… qui peut dire sur la plage ou dans le métro qu’il ressemble à son voisin ? La réponse est personne. C’est cette défiance endémique qui alimente, dans un même mouvement schizophrène, l’envie, la peur du changement et l’impossibilité de la réforme.

La confiance est la grande affaire du bonheur. Depuis l’origine, les femmes et les hommes éprouvent le besoin de se sentir unis, liés, soudés. C’est un des traits constants du bonheur que de pouvoir aller vers l’autre ; de lui faire confiance ; de s’en remettre à lui pour coopérer, construire, se projeter.

La confiance est (aussi) la grande affaire du recrutement. Sans confiance dans l’avenir, un client ne recrutera pas ; sans confiance en nous, il ne nous confiera pas de mandat ; sans confiance en haxio, un candidat ne se confiera pas. Pas de confiance, pas de confidences – encore moins de confession. Chacun aime donc être digne de confiance. C’est à dire fiable, engagé, bienveillant. Faut-il pour autant se fier « tout le temps et à n’importe qui » semble nous demander ironiquement XIII le héros de la série éponyme ? Retenons la magnifique proposition de Christian Bobin « la confiance, c’est la capacité enfantine d’aller vers ce qu’on ne connaît pas comme si on le reconnaissait ».