Les films sur la Mafia ou Casa Nostra se terminent toujours comme les histoires d’amour des Rita Mitsouko : mal.

Des mafieux repentis, recrutés en tant qu’informateurs, sont placés comme témoins sous protection. Ils passent d’une ville à une autre, d’un meublé à une bicoque, perdus dans des quartiers dont ils ne connaitront jamais les habitants.

Ce n’est pas le meilleur job de leur vie. Ils mangent des nouilles avec du ketchup, boivent du Coca à la bouteille, regardent des matchs de base-ball en maillot de corps. Ils se cognent aux murs, à leur passé, à tout ce qui était mieux avant. Ainsi de Tommaso Buscetta dans le Traitre et de Henry Hill dans les Affranchis.  Dans leur cas, rien n’est plus vrai : c’était mieux avant. Entre deux exécutions et trois extorsions, ils vivaient de fêtes, de fastes, de femmes, de frasques et de plaisirs. En va-t-il de même des cheminots, des traminots, des conducteurs de métro ou de train en grève depuis le 5 décembre ? C’était mieux avant : vraiment ?

Nombreux sont les candidats que nous rencontrons qui nous font part de leur désarroi d’aujourd’hui et de leur peur de demain. Beaucoup des doutes du présent se fixent à la fois sur un « c’était mieux avant » (ce qui n’est pas forcément vrai) et sur un « ce sera moins bien demain », (ce qui reste à démontrer).

La nostalgie, c’est étymologiquement, le « mal du pays » – littéralement : « le mal du retour ». Dans les faits, c’est devenu le « manque du passé » dans ce qu’il était et ce qu’il avait supposément de mieux. Dans les peurs actuelles, il y a en réalité une forme d’in-espérance qui serait « un non manque de l’avenir » et « la peur de ce qui sera ».

De tout temps, l’homme a manqué de ce qu’il a perdu et de ce qu’il n’a pas connu, pu ou voulu connaître. Contre l’in-espérance et le regret, relisons Marcel Proust et le Temps Retrouvé, restons curieux et confiants : l’avenir, c’est toujours mieux après…