C’est au grec que l’on retourne lorsque nous sommes las de l’imprécision, de la confusion et de notre époque.
… estimait Virginia Woolf. Elle n’avait pas tort : les Grecs avaient, entre autres, le goût du mot juste. L’amour ? Un seul terme ne leur suffisait pas. Alors, ils en ont inventé plusieurs dont 4 nous parlent encore : Eros (la passion), Storgê (l’amour familial), Philia (l’amitié) et Agapè (l’amour désintéressé). Le temps ? Un seul mot pour l’appréhender ? Mais vous n’y pensez pas ! Du coup on y va pour Kairos (l’occasion), Chronos (la durée) et Aiôn (la destinée).
Rien de tel pour le travail. Sans doute les esclaves qui les « assistaient » ne les ont-ils pas réellement incité à étudier la question. C’est dommage. Car il y a, dans le travail, plusieurs catégories qui se superposent, se mélangent ou s’ignorent c’est selon. Envisageons-en trois.
D’abord, le « job » alimentaire : on le subit mais il nous fait vivre. Comme on n’en attend rien, il ne nous donne rien sinon un salaire. C’est peu mais ça peut être beaucoup parfois.
A son exact opposé, il y a la vocation : on la vit plus qu’elle ne fait vivre, elle porte et elle exalte. Le salaire importe alors moins que l’œuvre qu’on construit et le sens qu’on y trouve.
Il y a enfin le travail qui jette un pont entre les deux : on ne l’a pas forcément choisi (la destinée peut y présider) mais on s’y investit et il nous rend ce que nous lui donnons. Au bout, à côté d’un salaire, il y a le progrès, il y a le développement, il y a parfois le plaisir – il y a en somme la réalisation de soi.